Le concept de la fast fashion, c’est un peu comme celui du fast food; c’est facile d’accès, pas cher, de piètre qualité, fabriqué rapidement et très vite consommé. En effet, aussi connu sous le nom de mode rapide ou mode jetable, il s’agit d’un phénomène qui amplifie la surconsommation avec des tendances éphémères et un rythme de production effréné menant à des vêtements de qualité médiocre, le tout dans le but d’une rentabilité maximale.
Selon un rapport du WWF, le secteur de la mode produit annuellement 1,7 milliard de tonnes de CO2, contribuant significativement aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cette production peut être expliquée par le fort impact environnemental présent à chaque étape de la chaîne de production préalable à l’arrivée des vêtements en magasin; la production de matières premières, la fabrication du tissu, la teinture, la confection, le transport, etc. Généralement, ces étapes se font un peu partout autour du globe. De plus, chacune d’entre elles implique la pollution des sols et des eaux, notamment par l’usage de substances toxiques, et la consommation d’eau et d’énergie en grandes quantités. Et oui, selon le rapport « La mode sans dessus dessous » de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, l’industrie du textile est le troisième secteur le plus consommateur d’eau au monde. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : pour fabriquer un t-shirt et un jean en coton conventionnel, cela nécessite l’équivalent de la quantité d’eau que l’on boit en treize ans! Même après l’achat, l’entretien des pièces continue de polluer : le lavage en machine des vêtements synthétiques relâche l’équivalent de plus de 50 milliards de bouteilles en plastique dans l’océan chaque année. Il est toutefois possible de limiter cela en ayant recours à mille et un trucs pour une lessive écolo!
Différentes alternatives innovatrices naissent un peu partout autour du globe pour remédier aux conséquences de l’industrie. Localement, entre autres, l’entreprise à but non lucratif Renaissance a mis en branle un projet en partenariat avec le centre de recherche et d’innovation en habillement Vestechpro ayant comme objectif le recyclage des textiles post-consommation et la revalorisation des fibres pour notamment en faire du rembourrage, de nouveaux tissus et même de la matière isolante. Selon les chiffres de Recyc-Québec de 2019-2020, les textiles représentent 6% des matières qui se retrouvent à l’enfouissement, c’est donc un fort potentiel de revalorisation!
De plus, nous détenons une grande force d’action en tant que consommateurs.trices et nous pouvons avoir un impact positif à l’aide d’une consommation durable, qui a tout plein d’avantages.
Consommer de manière responsable, c’est d’abord limiter nos achats. C’est ensuite, quand le besoin se présente, de rechercher une meilleure qualité de produit afin qu’il dure plus longtemps. On peut également privilégier des morceaux qu’on pense aimer longtemps pour se retrouver avec une garde-robe qui nous plait avec des morceaux intemporels et bien faits.
La consommation responsable implique aussi de faire des choix éclairés en encourageant davantage les entreprises locales et celles qui reflètent des valeurs écologiques, notamment qui fabriquent des vêtements à partir de textiles recyclés ou biologiques. Certains outils permettent de mieux s’y démêler, tel que la plateforme Good on you qui évalue les compagnies au niveau social, écologique et par rapport à leur traitement des animaux et qui présente des alternatives plus éthiques et durables (mais pas toujours locales).
La consommation responsable, c’est également le bonheur de l’achat seconde main! Les friperies sont une superbe alternative aux centres commerciaux traditionnels où on a la chance de dénicher des trouvailles uniques et abordables. Il existe des magasins à mission caritatives comme Renaissance, des boutiques qui font le tri préalable, lavent et réparent comme Mode Zéro dans les Laurentides. En ligne, découvrez des entreprises québécoises comme Bon Magasinage ou l’application de vente, d’achat et de surcyclage de vêtements seconde main Upcycli. Il peut aussi être amusant d’organiser une activité d’échanges de vêtements entre ami.es ou de devenir membre d’un club d’échange pour garnir sa garde-robe et du même coup se défaire des morceaux qui prennent la poussière, le Shwap Club et Empire Exchange sont d’excellentes adresses à Montréal, tout comme Club Flavie à Longueuil.
Renaissance est un organisme québécois qui a pour mission l’insertion en emploi de personnes éprouvant des difficultés, ainsi que la récupération de biens pour les détourner des sites d’enfouissement, tout en contribuant à la communauté. Consultez la carte pour trouver la friperie, la boutique, la librairie, le centre de liquidation ou le centre de don près de chez vous!
Finalement, il suffit de porter le plus possible les vêtements qu’on a et de maximiser leur durabilité avec un entretien responsable, c’est-à-dire de les réparer lorsque nécessaire (et possible) et de leur assurer une seconde (ou troisième!) vie grâce au don ou au recyclage pour permettre leur réutilisation ou leur réemploi. Pourquoi ne pas également se lancer dans un défi de ne rien acheter de neuf pour une certaine période de temps!
Concrètement, on choisit alors de consommer moins, mais mieux, en optant pour la mode responsable. Ainsi, on fait place au mouvement de la slow fashion, une vision de la mode responsable, durable et transparente qui tient compte des limites des ressources à notre disposition et qui met de l’avant la qualité des produits, s’éloignant ainsi de la fast fashion.
Par Élodie St-André pour l’Association québécoise Zéro déchet
Sources
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- ADEME
- Revers de mon look
- Les balbutiements de la filière du recyclage des vêtements, Roxane Léouzon, Le Devoir. 15 octobre 2021
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