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Objectif zéro déchet de plastique 2030 : une élève du secondaire interroge l’AQZD

Protiti

Dans le cadre d’un travail d’équipe sur un sujet positif, Protiti Tarafder, élève au programme du baccalauréat international de l’école secondaire La Voie a contacté l’Association québécoise Zéro Déchet pour obtenir notre point de vue sur l’objectif zéro déchet de plastique 2030 du gouvernement du Canada. Nous avons répondu à cinq questions fort pertinentes préparées par l’équipe de Protiti.

Protiti : Pensez-vous que l’objectif zéro déchet plastique d’ici 2030 sera atteint?

AQZD : Nous avons beaucoup d’espoir que oui, mais le défi est de taille! En plus du gouvernement, il y a les villes, les entreprises et nous, la population, qui sommes concernés et nous sommes de plus en plus conscientes et conscients de l’importance de changer nos habitudes pour protéger la planète. C’est ce qui nous donne de l’espoir. De plus en plus de personnes et d’organismes comme Greenpeace ou l’AQZD font des représentations auprès des gouvernements et des industries pour qu’ils agissent plus et plus vite, et ça fonctionne!

Protiti : Pourriez-vous nous dire à quel point la pollution par le plastique est mauvaise au Canada?

AQZD : Le plastique, c’est 3,2 millions de tonnes de déchets générés au Canada à chaque année et seulement 9 % sont recyclés. C’est un million d’éléphants d’Asie qu’on ajoute à chaque année et qui s’accumulent dans les sites d’enfouissement, juste pour le plastique. Imagine si on ajoute les autres déchets. Ça déborde. Le gouvernement du Québec vient d’approuver l’agrandissement des sites d’enfouissement, mais personne n’en veut dans son quartier. Le plastique peut prendre entre 100 et 1 000 ans pour se décomposer. Avez-vous déjà pensé que les objets que vous jetez aujourd’hui vont encore exister lorsque vos arrière-arrière-arrière- (20 fois) petits-enfants vont être sur Terre?

Les déchets dans les sites d’enfouissement produisent du méthane, un gaz à effet de serre (GES) 20 fois plus puissant que le CO2, qui contribue au dérèglement climatique.

Beaucoup de déchets de plastique, surtout à usage unique, se retrouvent dans la nature, parfois en de minuscules morceaux. Dans les cours d’eau, ils sont ingérés par les poissons, sur terre, par les animaux. On en retrouve dans leur estomac. Donc nous aussi on en ingère, car le plastique est présent dans la chaîne alimentaire.

Aussi, il ne faut pas juste penser à la pollution créée quand on jette l’objet. Il faut penser que ce petit bout de plastique a déjà beaucoup pollué avant d’arriver dans nos mains. On appelle cela le cycle de vie. Il a fallu d’abord extraire des matières premières, souvent du pétrole, et pour le fabriquer, on a dépensé de l’énergie et utilisé beaucoup d’eau. Le transport jusqu’à nous a généré des GES. Même chose pour l’emballage. Parfois, on utilise le sac ou l’ustensile juste quelques minutes et on le jette immédiatement. C’est le problème de tout ce qui est à usage unique.
Cycle de vie

Protiti : Il y a les 3R : Réduire, Réutiliser, Recycler. Le gouvernement se concentre sur le recyclage et l’interdiction des plastiques à usage unique. Pensez-vous que ce que notre gouvernement fait est suffisant?

AQZD : Les 3 R! Bravo, vous avez bien compris ce qui fait la différence! Recycler, c’est la dernière des options, la moins efficace. Le plastique ne se recycle pas bien. Il y a trop de sortes de plastique, pas toujours de bonne qualité. C’est coûteux, les procédés sont polluants et c’est énergivore. À chaque cycle de recyclage, le plastique perd de ses propriétés. Il faut vraiment réduire notre consommation à la source, moins acheter et acheter des produits plus durables. On peut même ajouter d’autres R et plein d’autres lettres : Refuser, Réparer, Revendiquer, Prêter, Emprunter, Louer, Acheter des objets de seconde main!

Non, on ne croit pas que le gouvernement en fait assez. Ça prend des plans et des lois environnementales plus ambitieuses. Si on veut que le gouvernement en fasse plus, il faut se faire entendre, il faut écrire, signer des pétitions. Lorsqu’on pourra faire des rassemblements, je vous invite à participer aux marches des étudiantes et des étudiants pour la planète, et dans quelques années, vous pourrez voter (clin d’œil). Je vous encourage à vous informer sur les programmes environnementaux des partis pour faire les bons choix. Il y a aussi plusieurs choses qu’on peut faire sans attendre que le gouvernement passe des lois, par exemple, magasiner dans les friperies, garder son cellulaire plus longtemps, faire attention à ses affaires, traîner sa bouteille d’eau réutilisable, un kit d’ustensiles dans son sac à dos, etc.

Protiti : Les médias parlent des conséquences que pourrait avoir la pollution par le plastique si nous ne commençons pas à changer nos façons de faire maintenant. Y a-t-il des conséquences sous-jacentes ou des conséquences en général dont le public n’est pas au courant?

AQZD : Du plastique, il y en a dans plusieurs choses qu’on ne soupçonne même pas. De minuscules particules de plastique sont présentes dans plusieurs produits comme les vêtements synthétiques, les cosmétiques, les produits de nettoyage, la peinture, les couches pour bébé, les serviettes hygiéniques, etc. Elles se retrouvent dans l’environnement et altèrent les écosystèmes. Des études démontrent qu’on en absorbe par notre peau, nos voies respiratoires et notre système digestif. On ne connaît pas encore l’impact réel sur notre santé, mais si on veut être prudent, on va opter pour des produits biologiques, naturels ou faits maison.

On dit qu’en 2050, il y aura plus de plastiques que de poissons dans l’océan. Il y aura assurément des impacts sur l’alimentation des humains. On sait aussi que les GES émis par le cycle de vie des plastiques contribuent aux changements climatiques, avec les conséquences qu’on connaît : inondations, sécheresses, températures extrêmes, famines, migrations massives, etc.

Crédit photo : Brian Yurasits – New York

Protiti : Disons que nous sommes en 2030 et que l’objectif a été atteint. D’après les recherches que vous avez faites, quels seront les matériaux alternatifs que nous utiliserons à la place du plastique?

AQZD : Il y a par exemple de nouveaux matériaux biosourcés, faits à partir de plantes, renouvelables et compostables, utiles notamment pour les emballages. Il y a plusieurs nouveaux produits intéressants, mais un des problèmes présentement est que le plastique n’est pas cher et les nouvelles solutions coûtent plus cher. Le bambou est une culture qui offre des avantages écologiques, mais attention, si on fabrique des objets jetables en bambou en grande quantité, on va créer un autre problème écologique! Le bois, le carton, s’ils proviennent de forêts qui sont exploitées de façon responsable, sont d’excellents matériaux également. Les métaux se recyclent mieux que le plastique, si on en fait bon usage, ce sont de bons matériaux.

Nous, ce qu’on souhaite, c’est qu’on RÉUTILISE, peu importe le matériau! Qu’on fabrique des objets durables et de qualité, qu’on partage, qu’on donne une deuxième, puis une troisième vie à nos objets. Le problème, ce n’est pas tant le plastique en soi, c’est plutôt le jetable, car cela demande de produire des quantités gargantuesques d’objets qu’on jette après une seule utilisation.

L’AQZD aimerait ajouter qu’il faut prendre conscience qu’on a le pouvoir de changer les choses tous ensemble. On peut avoir un impact si on est nombreuses et nombreux à s’y mettre! Par exemple, à l’école, on peut démarrer un comité vert, faire signer une pétition pour éliminer les styromousses à la cafétéria, demander la collecte du compost, etc. Imaginez si toute votre classe, puis toute votre école adoptez un mode de vie zéro déchet, que vous influencez vos parents, vos frères, vos cousines, qui vont à leur tour influencer leurs ami.e.s, leur école, leur travail! C’est un mouvement qu’on est en train de créer. C’est comme une grosse vague qui monte. On se sent super bien quand on fait des gestes positifs pour protéger la planète!

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L’AQZD a lancé un défi à la classe de Protiti : Que diriez-vous de ne pas attendre que les plastiques à usage unique soient interdits et de commencer tout de suite à les éliminer de votre vie?  

Lecteurs et lectrices, vous vous joignez à la classe de Protiti et vous relevez le défi vous aussi?

Par Nathalie Ainsley pour l’association québécoise zéro déchet

L’Association québécoise Zéro Déchet tient à remercier Protiti Tarafder pour sa précieuse collaboration à cet article et nous la félicitons chaleureusement pour son engagement envers la protection de la planète!