logo

Prêtes pour des menstruations écoresponsables?

Mesdames, messieurs aussi, mettons d’abord les choses au clair, les menstruations n’ont rien de polluant! Elles sont naturelles chez 50 % de la population, elles sont un signe de santé et elles symbolisent la transmission de la vie. Faisons la paix avec ce sang qu’on a caché pendant toutes ces années!

Le problème découle plutôt de l’utilisation massive de produits à usage unique. Tout au long de sa vie, une femme utilisera entre 10 et 15 000 produits menstruels. On porte le tampon pendant 3 ou 4 heures, et celui-ci a un temps de dégradation estimé à plusieurs centaines d’années – certains parlent de 450 ans. Chaque année, dans le monde, c’est 45 milliards de serviettes hygiéniques et de tampons à usage unique qui sont envoyés à l’élimination ou qui se retrouvent dans les océans. Les serviettes sanitaires contiennent jusqu’à 90 % de plastique. Les tampons sont généralement fabriqués à partir de coton, une culture utilisant de grandes quantités de pesticides et d’eau. L’organisation WWF estime qu’un seul kilo de coton nécessite jusqu’à 20 000 litres d’eau pour être cultivé et transformé. Les tampons contiennent aussi du plastique, les applicateurs et même la corde pour le retirer en contiennent.

Et notre santé?

Les fabricants n’étant pas tenus de rendre publique l’information, la composition exacte des tampons est inconnue. Cependant, l’analyse des tampons par des scientifiques résulte en une longue liste de 20 à 30 produits chimiques, dont certains cancérigènes ou perturbateurs endocriniens. Même si la quantité est minime, mois après mois, pendant 40 ans, des articles d’hygiène intime dans lesquels on retrouve des produits toxiques sont en contact direct et constant avec nos muqueuses vaginales. 

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe d’autres options plus écologiques, moins chères et comportant moins de risques pour notre santé. Vous serez ravies d’apprendre que les utilisatrices de ces produits affirment à l’unanimité qu’ils sont aussi plus confortables et plus fiables. Quand on y a goûté, on ne peut plus s’en passer!

La vedette, la coupe menstruelle

Il s’agit d’une petite coupe en silicone flexible qu’on insère à l’entrée du vagin et qui récolte le flux menstruel pendant 12 heures. Ensuite on la vide, on la lave et on recommence! À chaque début de cycle, on la stérilise en la submergeant dans l’eau bouillante pendant une dizaine de minutes. Il existe différentes marques, et on la retrouve dans les pharmacies, dans les boutiques zéro déchet et en ligne chez les marchands offrant d’autres produits féminins durables. Assurez-vous de bien choisir la taille qui vous convient. 

Pourquoi la coupe est-elle la plus populaire des options réutilisables? On la porte pendant des heures pour travailler, étudier, dormir, voyager, courir, faire du vélo, nager ; sans fuite, sans inconfort, rien à trimballer. La liberté quoi! C’est aussi le choix le plus économique : son prix varie autour de 40 $ et elle peut durer jusqu’à 10 ans!
Coupe menstruelle

Bon à savoir : c’est souvent difficile au début d’apprendre à bien l’insérer, et si elle est mal installée, cela peut être inconfortable et il y a risque de fuite. Pour vous aider, vous trouverez beaucoup d’informations sur le site de DivaCup. Laissez-vous une période d’adaptation et persévérez, cela en vaut vraiment la peine. Vous craignez d’avoir à vider et rincer votre coupe dans l’évier d’une toilette publique? La plupart du temps, on peut facilement attendre le retour à la maison, à moins d’un jour de flux vraiment abondant et d’une très longue journée à l’extérieur. Truc de pro : Transporter une petite bouteille d’eau dans son sac et rincer directement la coupe au-dessus du bol.

La culotte menstruelle

Elles sont jolies, elles ont l’apparence de culottes ordinaires, mais sont dotées d’un assemblage de couches de tissus absorbants et antibactériens. Chaque modèle présente un niveau d’absorption différent, de « protège-dessous » à flux abondant, des modèles tangas aux culottes de nuit.

Quelle culotte acheter? Thinx est le chef de file en la matière, mais nos marques canadiennes et québécoises n’ont rien à lui envier et offrent de beaux produits de grande qualité. Parmi celles-ci, on vous propose Viita et Mme L’Ovary. Le système trois en un de Mme L’Ovary est notre coup de cœur, notamment pour les flux abondants. La culotte de base absorbe l’équivalent d’un protège-dessous, et vient avec 3 serviettes amovibles qui tiennent merveilleusement bien à la culotte. Très pratique, car on n’a pas à enlever sa culotte et son pantalon, on remplace seulement la serviette. On la transporte dans le petit sac agencé à deux compartiments : l’un pour les serviettes propres, l’autre pour les souillées. Vous serez également conquises par le confort et l’efficacité de la culotte de nuit de Mme L’Ovary. Rien ne se déplace même si vous avez la bougeotte pendant votre sommeil. Adieu pyjamas et draps à laver au petit matin! Par ailleurs,  Kt de Knix offre de très beaux maillots de bain pour les règles.  Et oui, même des maillots de bain!

Crédit photo : Mme L’Ovary
La serviette lavable

Les serviettes sont aussi composées de plusieurs couches de tissus absorbants. Vous en trouverez de tous styles, formats, couleurs, niveaux d’absorption et prix. Amovibles, elles tiennent en place grâce à un bouton-pression fixé sur les ailes. Lorsqu’on est à l’extérieur, il suffit de la replier sur elle-même et de la glisser dans un sac prévu à cette fin. On les aime parce qu’elles sont pratiques et moins dispendieuses que les culottes menstruelles. Cependant, on doit parfois essayer plusieurs modèles avant de trouver celui qui va bien s’ajuster à notre culotte et rester en place. On achète local, à sa boutique zéro déchet habituelle ou chez Öko Créations, Omaiki, MarieFil, Boutique Fan fan. Notez que les serviettes lavables conviennent également aux fuites urinaires; pour les culottes, Viita a développé une gamme spécifique. 

Omaïki
Crédit photo : Omaiki
Comment nettoyer les culottes et les serviettes réutilisables? 

La plupart sont lavables à la machine. On peut les rincer à l’eau froide ou les placer dans un seau rempli d’eau jusqu’au jour du lavage. Certains fabricants suggèrent de les mettre directement à la laveuse, de démarrer un cycle de rinçage, puis d’ajouter les autres vêtements pour un cycle de lavage normal. Un trempage dans l’eau additionnée de percarbonate de sodium, un blanchissant écologique, fera disparaître les taches. On suspend pour sécher ; certains fabricants permettent la sécheuse. Consultez les recommandations de lavage, c’est toujours sage!

Le saviez-vous? L’adoption de produits durables s’avère déjà une option plus économique que le jetable, et en plus, plusieurs municipalités subventionnent maintenant leur achat. Consultez ici la liste des villes et des arrondissements offrant une subvention ainsi que les instructions pour présenter votre demande. Si votre ville n’apparaît pas sur la liste, faites entendre votre voix en signant la pétition du mouvement #sangdéchet.

Somme toute, si les options durables ne vous ont pas encore séduites, vous pouvez essayer les tampons et serviettes jetables fabriquées avec des matériaux biologiques et les tampons sans applicateurs. Ne jetez pas vos tampons dans les toilettes, ils ne se dégradent pas dans l’eau ! Ils gonflent et risquent de boucher et d’abîmer la plomberie et les systèmes d’épuration municipaux. Surtout, conservez notre article pour quand vous serez prête, à chacune son rythme!

Célébrons la féminité, la diversité corporelle, les menstruations sans gêne ni tabou! Oui, les produits d’hygiène féminine durables nous amènent à nettoyer et à manipuler notre sang menstruel. On s’y habitue. N’est-ce pas préférable que de laisser à nos arrières-arrières-arrières-arrières (13 fois) petits-enfants la gestion de nos déchets menstruels qui traverseront plusieurs générations?

Avant de se quitter, un brin de solidarité féminine! Une femme sur 10 n’a pas accès à des protections menstruelles dans le monde, engendrant des problèmes de précarité importants,   dont l’absence du travail et le décrochage scolaire chez les plus jeunes. Pour un don de 16 $, vous offrez deux trousses d’articles d’hygiène féminine réutilisables par l’entremise d’Unicef Canada.

Par Nathalie Ainsley pour l’association québécoise zéro déchet

Pour en apprendre davantage sur le sujet, et pour le plaisir, prenez 4 petites minutes pour visionner l’excellent reportage-vidéo de Sandra Sirois d’Unpoincinq tourné dans le cadre du Festivulve de Montréal. 

Plusieurs informations quantitatives rapportées dans l’article proviennent du Mémoire sur l’accessibilité des produits d’hygiène féminine durables pour une agglomération montréalaise Zéro déchet, remis dans le cadre de la consultation publique pour le Projet de Plan directeur de la gestion des matières résiduelles 2020-2025 de la ville de Montréal, le 16 janvier 2020.