Rêvons. Transportons-nous en 2050. Nous sommes des adolescent.e.s du secondaire et notre passionnée professeure d’histoire nous raconte…
2019 a été une année de mobilisation. Le mouvement avait pris de l’ampleur suite aux rapports du GIEC1 alertant la population planétaire sur le réchauffement climatique. Au Québec, les partis politiques avaient signé la Déclaration d’urgence climatique2. Le Pacte pour la transition3 avait été lancé, ainsi que l’excellent livre de Laure Waridel, La transition, c’est maintenant4. De grandes marches pacifiques se sont tenues dans toutes les régions. À Montréal, on a même eu le privilège de marcher aux côtés de Greta Thunberg! Nous étions gonflé.es à bloc, 2020 serait l’année de la planète!
2020 est arrivée et les plans ont changé. Attaque d’un coronavirus meurtrier. Les commerces et les écoles ont fermé, le peuple était confiné. Ce fut une année difficile pour beaucoup, mais 2020 nous a appris des choses extraordinaires qui nous ont servi par la suite :
- Nous dépendons des autres pour de nombreuses denrées de première nécessité.
- Les gens moins bien traités dans la société sont les plus utiles.
- Les inégalités se creusent en temps de crise.
- Nous pouvons être solidaires et mobiliser toutes nos ressources quand on a la volonté.
- Nos gouvernements sont capables d’écouter la science et ils se laissent influencer par l’opinion publique quand celle-ci est exprimée clairement.
Avant d’aborder la lecture des prochaines lignes, fermez les yeux et imaginez un air de violon triste, très triste, dramatique même… seulement le temps d’un paragraphe… allez-y!
Les scientifiques nous disaient depuis des années qu’on était en train de « se payer un gros party » avec les ressources naturelles, le budget carbone et l’argent de nos enfants, puis qu’on leur laisserait nos poubelles à ramasser à la fin. On se changeait les idées en se disant que de toute façon, nos actions ne feraient pas de différence, qu’il était trop tard, que d’autres polluaient plus que nous, etc. Paradoxalement, pour feindre d’oublier qu’on réservait, par notre insatiable consommation, un avenir rempli de souffrances à notre progéniture, on se réfugiait dans notre addiction, c’est-à-dire consommer encore plus. Nos jeunes n’avaient jamais autant souffert d’anxiété, certains ne voulaient plus avoir d’enfants. La planète était divisée, les opinions polarisées, on vivait chacun pour soi.
Fin de la musique triste.
Revenons à 2021. Le confinement s’est poursuivi, ça nous a fait ralentir un peu et on avait du temps pour penser. On s’est mis à observer quelques groupes lucides et optimistes, dont Mères au front5, un groupe d’action climatique qui s’était formé sur la base de l’amour des enfants. On a adoré la série Citoyen 2.06. Ces femmes et ces hommes engagés, qui se mobilisaient pour sauver les écosystèmes, dégageaient une énergie et une joie de vivre contagieuse. C’est là qu’on a compris qu’on avait le devoir de montrer à nos enfants qu’il ne faut pas accepter le statu quo, qu’on doit se regrouper et se mettre en action pour créer un monde meilleur. Nous avons réalisé que nous ne devions pas leur enlever la dernière chose qui leur restait pour s’en sortir : l’espoir de pouvoir encore changer les choses. En 2021, c’est le changement qui est devenu viral. Les Québécoises et les Québécois ont décidé de s’unir et d’exercer leur pouvoir de citoyen.nes et de consommateur.trices!
À partir d’ici, roulement de tambour et musique enjouée, du genre de La Compagnie Créole ou de Bleu Jeans Bleu. Bien rythmé! Oh Yeah!
Comment a-t-on fait?
On a commencé à lire des livres et à regarder des documentaires de personnes inspirantes qui s’étaient mises en action5. On a fait des recherches pour savoir par quoi commencer et qu’est-ce qui avait de l’impact. Certain.es se sont impliqué.es davantage en rejoignant des organismes ou en participant à des projets.
On s’est mis au jardinage, on a cuisiné plus, puis on a découvert le Québec comme destination vacances7. Il faut dire qu’on avait commencé en 2020, on faisait déjà tous notre pain maison!
On a arrêté d’acheter neuf, on a réparé et réutilisé ce qu’on avait déjà8. On s’est dit qu’on avait assez produit de biens dans les 50 dernières années, on pouvait certainement vivre un autre 50 ans sans rien produire! Lorsqu’on avait besoin de quelque chose ou qu’on n’avait plus besoin d’une autre, on l’annonçait dans l’application de notre quartier8, on partageait et on empruntait. On a appris à connaître nos voisins et on se sentait moins seuls.
On a porté nos vêtements jusqu’à ce qu’ils soient usés, on n’était plus comme des moutons qui se débarrassaient de beaux vêtements parce que « la mode » avait décidé pour nous. On en avait des grandes quantités, c’est devenu clair assez rapidement qu’on ne devait plus en acheter, sauf dans les friperies7.
Si on n’avait pas d’autre choix que d’acheter, on encourageait alors les entreprises qui adoptaient des pratiques durables.
On a refusé tout ce qui était à usage unique. On s’est mis au zéro déchet9, on s’informait sur les différentes options : le vrac, les produits en barre, le fait maison, etc. On a commencé à lire et comprendre les étiquettes et on a banni tout ce qui contenait des composantes chimiques.
On a cessé de se récompenser ou de démontrer notre amour avec du matériel. Nos valeurs ont changé, le statut n’était plus rattaché à la dimension de la maison ou la marque de l’auto mais à la contribution au bien commun. À mesure que le sens de la communauté se développait, les inégalités se réduisaient.
On a réduit drastiquement notre consommation de viande, on a consommé du poisson provenant de la pêche durable et on a mangé bio10. Devant la demande, l’industrie alimentaire s’est transformée en quelques années. Les sols, les cours d’eau et les abeilles ont pris du mieux, et notre santé aussi!
On a contesté, revendiqué, on a exprimé haut et fort notre désaccord à toute atteinte à la nature. Le vivant est devenu sacré.
Les entreprises? Elles se sont transformées parce que nous avons parlé avec notre argent. Les commerces ont commencé à vendre les pièces servant à réparer les objets qu’ils vendaient et nombre d’entre eux ont développé des services de réparation et de location. Certains ont fermé, d’autres ont pris de l’expansion. Déjà, la pandémie avait pas mal chamboulé le monde des affaires, c’était l’opportunité de rebâtir de façon durable.
Et nous, puisqu’on avait moins besoin d’argent, on travaillait moins, ce qui a donné des emplois à tout le monde, parfois dans des secteurs ou des modèles d’affaires différents. Ça a pris quelques années avant qu’un équilibre s’installe, mais nous étions convaincus que c’était la bonne chose à faire. Ensemble, nous avons tenu le coup!
Les gouvernements? La science était déjà de notre côté, désormais, la volonté de la population était clairement exprimée. Ils nous ont écouté, ils ont agi. Ils ont investi dans l’économie circulaire, ils ont favorisé la décarbonation de l’économie plutôt que sa croissance. On a mesuré la santé de notre belle province, puis de notre pays avec d’autres indicateurs que le PIB11, on a reconnu le travail non-rémunéré. Ces idées existaient déjà, il fallait juste s’y intéresser.
Voilà comment de façon inattendue, ce mouvement planétaire auquel vous assistez aujourd’hui a pris naissance au Québec. Les autres provinces ont suivi, puis des gens de plusieurs pays venaient prendre exemple sur nous. Ça avait rallumé notre fierté nationale, et c’était une fierté inclusive, nous avions concentré nos énergies sur un but commun et rassembleur pour tous âges, genres et origines.
Ce monde bienveillant et plus juste existe aujourd’hui parce qu’en 2021, on a pris conscience qu’on devait léguer à nos enfants les outils nécessaires pour les aider à se sortir du pétrin dans lequel on les avait placés. On leur a prouvé par l’exemple que donner un sens à sa vie, ça rend fier.ère et heureux.se. On leur a offert le plus beau des cadeaux et il ne s’achète pas avec l’argent, c’est l’ESPOIR.
Faites de vos rêves une réalité.
Bonne année 2021!
Par Nathalie Ainsley pour l’association québécoise zéro déchet
1 GIEC : Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat
2 Le GroupMobilisation et la Déclaration d’urgence climatique
4 Retrouvez ce livre dans cette liste de Livres inspirants.
6 Citoyen 2.0, Série documentaire de 13 épisodes par Laurence Latreille, à partir de janvier 2021 sur UnisTV.
7 Voyager sans avion, réflexion sur le tourisme local (AQZD)
8 Pour consommer autrement : Devenez riche en sauvant la planète (AQZD).
9 Le Zéro déchet, c’est quoi?, un article de l’AQZD pour comprendre le mouvement Zéro déchet.
10 Local, bio, en vrac.. quoi choisir pour réduire l’empreinte écologique de son panier d’épicerie (AQZD).
11 Indicateur de vie heureuse et soutenable, article du site Mr Mondialisation, juillet 2020.