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Voyager sans avion : réflexion sur le tourisme local

Au-delà de la résilience et des capacités d’adaptation qu’elle a exacerbées chez chacun, la pandémie de COVID-19 pourra aussi se vanter d’avoir donné un coup de pouce au tourisme local et à la découverte des paysages enchanteurs que le Québec a à nous offrir.
On se le fait dire souvent par des gens qui découvrent la Belle Province (pas le resto!) pour la première fois : « c’est incroyable par chez-vous, les espaces verts s’étendent à perte de vue et le relief accidenté en met plein la vue. Et que dire des cours d’eau qui, en plus d’être plus nombreux que les noms de villes débutant par Saint, sont abondants ». Et, entre vous et moi, ils n’ont pas tort! La pensée selon laquelle la qualité de nos vacances sera corrélée positivement avec l’éloignement de la maison est souvent véhiculée. Mais le contraire est tout aussi vrai. Et si nous étions autant, voire même plus, disposés à apprécier un séjour dans notre coin de pays? Et si les petites angoisses liées aux voyages à l’étranger (retard de vol, perte des valises, non-correspondance des cartes de crédit, barrières linguistiques, perte de repères, etc.) s’estompaient lors de voyages plus près de chez-soi et laissaient place à un réel laisser-aller?

Forêt automne
Québec, Canada par Patricio Vargas

Touriste dans sa propre province

Avec un statut de « local », nous croyons bien connaître notre lieu de résidence, mais plusieurs détails qui nous entourent au quotidien passent sous notre radar, car nous avons tendance à se tracer machinalement les mêmes itinéraires, à fréquenter les mêmes lieux et à moins lever les yeux. Voyager local, c’est une façon simple de s’extirper de notre zone de confort et de poser un regard neuf sur les petits bijoux insoupçonnés que nous côtoyons de plus près qu’on le pense.

Pensez-vous que les Parisiens escaladent la tour Eiffel à chaque samedi, qu’ils déambulent sur les Champs Élysées au premier moment venu et qu’ils s’épanchent quotidiennement devant l’aménagement du Jardin du Luxembourg? Non. À l’égale des Québécois qui ne prennent pas tous la peine de porter une attention particulière aux merveilles boréales qui les entourent : le fjord du Saguenay, le fleuve Saint-Laurent, les monts Chic-Chocs et le Mont-Royal pour ne nommer que ceux-là. Pourtant, les activités et les escapades à faire au Québec se comptent par milliers, et sont plutôt bien dispersées entre les 17 régions administratives.

Rivière Saguenay par Ali Kazal

Zéro déchet et tourisme local

Les coûts financiers représentent une préoccupation de moins en moins grande pour les voyageurs puisqu’une multitude de compagnies aériennes offrent désormais des vols internationaux à des prix ridiculement bas. Néanmoins, les considérations écologiques du voyage en avion commencent à germer chez plusieurs, ce qui engendre des réflexions sur les fondements mêmes du tourisme international et pose de nouvelles façons d’aborder le voyage. Évidemment, prendre la décision de voyager plus près de la maison est un geste éclairé qui figure dans la démarche écoresponsable de certains. Renoncer à un voyage en avion est l’un des gestes les plus probants que l’on puisse poser pour réduire significativement son empreinte carbone. D’un point de vue purement quantitatif d’émissions de GES, c’est un geste plus important que de renoncer à l’utilisation d’une voiture ou encore d’adopter un régime alimentaire végétalien. Mais encore là, tout est une question de choix, et l’on se doit de respecter le rythme d’adaptation, les limitations ainsi que les décisions des autres. 

Fleuve st-laurent
Fleuve Saint-Laurent, Cap-Rouge par Louis-Étienne Foy

Il se peut que votre cousine soit la personne la plus écolo de votre entourage : elle composte, se déplace en vélo, fait des achats en vrac, cultive ses fruits et légumes puis achète exclusivement des articles de seconde main. Est-ce que s’offrir un voyage transatlantique annuel délégitimise sa démarche zéro déchet? Pas du tout. Plusieurs personnes ont ce craving insatiable de jouer aux globe-trotteurs et d’accumuler le nombre de punaises qui tapissent leur carte du monde au-dessus de leur lit, et c’est tout à leur honneur. Ceci dit, 2020 marque une pause en ce qui a trait aux voyages internationaux non essentiels. Et il serait encore plus à notre honneur d’en profiter pour explorer notre coin de pays et y vivre des expériences à la hauteur de celles des voyages les plus exotiques. Décrocher du quotidien, s’évader, reconnecter avec la nature, être confronté à un environnement différent et, tout simplement ralentir, n’est-ce pas ça l’objectif des vacances? Le plus beau dans tout ça, c’est qu’il est possible de le faire à 5 000, 500 ou 50 kilomètres de chez soi. 

Par Catherine OUellet pour l’association québécoise zéro déchet