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L’éco-minimalisme : plus qu’une tendance esthétique

Quelle est la première image qui vous vient en tête quand vous pensez au minimalisme? Pour beaucoup de gens, ce sera un micro-logement épuré, avec quelques plantes et peu d’encombrement, un garde-manger avec de jolis bocaux en verre, un style moderne-chic au naturel… Du moins, c’est ce que Google nous montre! En fait, il y a plusieurs façons d’interpréter le minimalisme ; tout en conservant le concept du moins, c’est plus.

Malheureusement, certains stéréotypes nommés plus hauts contribuent à une vision plutôt restreinte de la philosophie minimaliste qu’encourage le zéro déchet : inaccessible, valorisation de l’esthétisme avant tout, réservé à une classe sociale aisée, mise aux ordures de biens en bon état… En réponse, certaines personnes préfèrent maintenant se décrire comme « éco-minimalistes ».

Stéréotype vs réalité
À gauche, une photo Unsplash et à droite, une photo prise dans le garde manger de notre rédactrice

Qu’est-ce que l’éco-minimalisme et quelles sont les différences avec le minimalisme typique?

Être éco-minimaliste, ça veut simplement dire qu’on pratique le minimalisme pour des raisons écologiques. Quand on achète un produit, on contribue à créer de la demande et donc la production est ajustée pour répondre à cette demande, et vice-versa. En d’autres mots, en pratiquant le minimalisme, et donc en réduisant notre consommation, on réduit notre empreinte environnementale par la minimisation des ressources qu’on extrait de la planète. 

Au lieu de chercher strictement à désencombrer son espace, un éco-minimaliste cherche plutôt à valoriser ce qu’il ou elle possède déjà.

 

 La philosophie derrière le mouvement

Être éco-minimaliste, c’est réduire sa consommation, mais c’est aussi utiliser ce qu’on possède jusqu’à sa fin de vie, déterminer ce qui apporte de la valeur dans nos vies et disposer de ce dont on ne se sert pas de manière responsable.

 

QU’est-ce que j’ai chez moi?

Soyons réalistes : personne n’est né minimaliste ou zéro déchet! On possède tous des choses plus ou moins utiles. Avec la montée en popularité du mouvement zéro déchet, de plus en plus d’entreprises proposent des produits fabriqués de façon écoresponsable et dont l’apparence simple et intemporelle s’agence bien avec l’esthétique minimaliste. Ça peut être tentant d’acheter!

Par contre, en tant qu’éco-minimaliste, on refuse de suivre les tendances, pour plutôt privilégier ce qui existe déjà. Par exemple, au lieu d’acheter de jolis pots Mason pour faire des courses en vrac, on peut réutiliser nombre de contenants qui auraient autrement fini dans le bac de recyclage ou d’ordures : pot de sauce à spaghetti, contenant à margarine, bouteille de vinaigre… Même le plastique peut être réutilisé!

D’un autre côté, il ne faut pas nécessairement chercher à désencombrer au maximum ; ce qu’on possède peut parfois réellement servir plus tard. Si l’idée d’une micro garde-robe ne vous attire pas, il n’y a aucune obligation à ne conserver qu’une ou deux paires de chaussures comme le font certains minimalistes. On finit toujours par les user au bout de quelques années, donc d’un point de vue écologique, il peut être plus approprié de garder celles qu’on possède déjà, que de s’en débarrasser pour en acheter de nouvelles plus tard.

Qu’est-ce qui apporte de la valeur dans ma vie?

Cette réflexion peut être un bon tremplin vers le minimalisme car elle permet d’éviter les achats impulsifs. Sous l’optique de l’éco-minimalisme, il n’y a pas de culpabilité à avoir à conserver ce qui nous apporte du bonheur, que ce soit un élément de décor qui nous plaît fait en plastique ou un t-shirt d’une marque « fast fashion ».

L’idée, c’est plutôt d’éviter autant que possible d’amener de nouvelles choses non valorisées (pour leur utilité ou le plaisir) dans nos maisons, même si elles sont « écoresponsables ». Un truc peut être de se donner une période fixe d’attente avant de faire un achat ; si on l’a toujours en tête après ce temps, alors, c’est qu’on va probablement s’en servir. Bien entendu, on fait tous des erreurs en cours de chemin: le marketing joue contre nous. Comme Anne-Marie Bonneau de Zero-Waste Chef l’a si bien dit : « Nous n’avons pas besoin d’un petit groupe de personnes qui pratiquent le zéro déchet parfaitement. Nous avons besoin de millions de gens qui y aspirent de manière imparfaite. »

Comment disposer de ce dont je ne veux plus?

Après un certain moment, on finit tous par avoir besoin de faire un bon ménage. Même si une paire de jeans nous va toujours et se trouve en bon état, peut-être qu’on ne l’aime plus et qu’on ne la porte plus. C’est normal et c’est correct! Il existe toutes sortes de façons de lui donner une seconde vie. Le but, c’est de passer au suivant ce qui n’a plus sa place chez nous (ou, au moins, d’essayer).

Le plus facile, c’est de faire des dons à des friperies ou autres organismes. Cependant, à cause de la montée de la surconsommation d’année en année, la population donne aussi de plus en plus, et ces organismes se retrouvent parfois surchargés de dons qu’ils ne peuvent pas physiquement trier et stocker. Une partie finit malencontreusement au dépotoir. Attention aux entreprises qui disent reprendre les vêtements usagés pour les recycler! Il est présentement illégal au Québec d’utiliser des fibres usagées dans des produits qui se rapprochent du corps humain (Loi sur les matériaux de rembourrage et les articles rembourrés), donc quasi-impossible de trouver des acheteurs pour la fibre recyclée.3 Pour ces raisons, il vaut mieux privilégier les dons aux petits organismes locaux et de réinsertion sociale, s’ils sont accessibles, et surtout éviter de laisser des dons à l’extérieur de bacs déjà pleins.

Avant même de donner à un organisme, il est bien d’essayer de trouver preneur soi-même. De cette façon, on s’assure que la personne qui récupère le bien l’utilisera. Que ce soit par des sites comme Kijiji ou Facebook, lors d’événements d’échange publics ou entre amis, ou par une vente de garage, plusieurs options existent.

Utopia By Cho
Canne d'aluminium comme pot de fleurs

Faire la transition

Contrairement au minimalisme strict sur-représenté dans les médias, faire une transition vers ce mode de vie n’est pas nécessairement difficile : c’est un cheminement graduel. Si vous sentez le besoin d’un bon ménage de désencombrement, allez-y! Dans une perspective éco-minimaliste, ce n’est pas un pré-requis. Il ne faut pas chercher à repartir à neuf mais plutôt à réemployer ce qu’on possède déjà et réduire notre consommation. La transition est donc une période de réflexion et d’ajustement, le développement de nouveaux réflexes, et non pas un changement de décor complet. 

En suivant cette méthode, on ne devient peut-être pas très « instagrammable ». Après, il n’y a rien de mal à vouloir un beau logement esthétique non plus. Il y a toujours moyen de chercher seconde-main sur des sites web, applications ou groupes Facebook. Il ne faut juste pas le voir comme une nécessité ou un blocage dans une démarche minimaliste et zéro-déchet. On ne propose rien de révolutionnaire non plus : peu importe votre niveau d’expérience, probablement que vous appliquez déjà plusieurs des concepts éco-minimalistes dans votre vie, pour toutes sortes de raisons tout aussi valables.

L’intention est principalement de poser un regard critique sur nos habitudes car sur une planète où les ressources ne sont pas renouvelables à l’infini, on ne peut pas accumuler toujours plus de possessions. À la place, on peut réapprendre à se contenter de ce qui compte le plus, quand on peut se le permettre bien entendu. Au final, vous verrez qu’en plus d’être bon pour l’environnement, ce changement sera aussi bon pour votre portefeuille!

Caroline Tremblay pour l’Association québécoise Zéro Déchet