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Mille et un trucs pour une lessive écolo

Plusieurs d’entre nous avons diminué nos achats de vêtements neufs, préoccupé.e.s par l’exploitation des humains et des ressources, mais aussi pour épargner et goûter aux plaisirs du magasinage en friperie! Une fois achetés, leur entretien cause aussi des dommages à l’environnement qu’il est possible de réduire par quelques stratégies bien simples, qui en plus vous feront économiser.

Laver vos vêtements moins souvent, laver à l’eau froide, faire de plus grosses brassées

Simple et payant! Vous économiserez l’eau, l’électricité et le détergent, en plus de prolonger la durée de vie de vos vêtements et de vos électroménagers. Les vêtements ne sont pas sales parce qu’on les a portés une fois. Votre chandail a toujours bonne odeur, mais présente une petite saleté localisée? Faites disparaître la saleté avec un peu d’eau et un petit frottement!

Réduire la quantité de détergent

Mettre trop de détergent, c’est une dépense inutile, c’est mauvais pour l’environnement et ça ne lave pas mieux. Au contraire, le surplus de produit risque d’être mal rincé, de s’incruster dans les fibres (bonjour les traces blanches!) et d’encrasser la machine. On a tendance à trop en mettre, surtout avec les détergents qui sont de plus en plus concentrés.

Acheter du détergent écologique d’un fabricant québécois

Réduire la quantité c’est bien, remplacer les produits toxiques par des produits écologiques c’est encore mieux! Les détergents du commerce contiennent des solvants, des oxydants, des parfums et autres agents chimiques qui sont rejetés dans l’eau de lavage, polluant les nappes phréatiques et les cours d’eau, altérant les écosystèmes aquatiques. Certains de ces composants sont en outre irritants pour notre peau et peuvent provoquer des éruptions cutanées ou des allergies. Plusieurs bonnes marques québécoises offrent des produits qui sont vraiment efficaces : Attitude, Biovert, La maison Lavande, Lemieux, Planette, Pure, The Unscented Company.

Remplir son bidon chez un marchand zéro déchet 

Faisons un effort collectif pour éliminer tous ces contenants à usage unique afin de réduire les dommages à la nature du début jusqu’à leur fin de vie. Il a fallu extraire des matières premières, dont le pétrole, souvent par des procédés polluants, fabriquer puis transporter ces lourds bidons, utilisant beaucoup d’eau et d’énergie et émettant une grande quantité de GES. Ces plastiques prennent plusieurs centaines d’années à se décomposer dans les dépotoirs. Vous les mettez au recyclage? Sachez que tout ce qu’on met dans le bac n’est pas nécessairement recyclé. Recycler le plastique nécessite beaucoup de ressources, celui-ci perd de ses propriétés à chaque recyclage, et il n’y a pas toujours de débouché financier pour le plastique recyclé. 

Une autre excellente raison de remplir son bidon : la plupart des produits vendus dans les boutiques sont locaux et écologiques.

Fabriquer son détergent maison

Ce n’est pas si compliqué… et c’est l’option la plus économique, qui évite d’emblée les bidons de plastique. Nous vous proposons une recette populaire :

  • Diluer 50 g de copeaux de savon de Marseille* dans 1 litre d’eau chaude et remuer pour dissoudre le savon. (Si on l’achète en bloc, on le râpe comme du fromage)

  • Laisser tiédir et ajouter 1 cuillère à soupe de bicarbonate de soude et remuer à nouveau.

  • Verser dans les contenants de votre choix.

  • Au moment du lavage : bien agiter.  Comme ce savon est très concentré, 1 à 2 c. à soupe par brassée devrait suffire, à vous de juger selon la quantité et la saleté des vêtements. 

* Préférez un savon de Marseille composé au minimum de 72 % d’huile végétale, sans huile de palme, sans colorant, sans parfum, sans glycérine ni autres additifs. Vous le trouverez chez les marchands de produits naturels ou zéro déchet.

À vous de découvrir la recette qui vous convient. Vous pouvez par exemple fabriquer votre détergent au lierre, ces plantes grimpantes envahissantes qu’on retrouve dans nos jardins!

Les Éco-feuilles (Eco-strips

Brillante solution quand on comprend que les détergents liquides sont composés de concentrés additionnés d’eau puis versés dans de gros bidons lourds à transporter. L’idée est d’utiliser seulement le concentré fixé sur une bande qui se dissout dans l’eau du lavage, même l’eau froide. Ces bandes de lavage sont inoffensives pour la planète, sans produits chimiques, et Tru Earth les fabrique au Canada. Elles fonctionnent vraiment bien et sont aussi très pratiques pour les voyages : on en glisse quelques feuilles dans sa valise, elles ne prennent pas d’espace et sont légères!

Remplacer l’assouplisseur du commerce

Le meilleur assouplisseur pour la laveuse, le plus écologique et le moins cher est le vinaigre, et ne vous inquiétez pas les vêtements ne garderont aucune odeur de vinaigre. En plus d’adoucir vos vêtements, celui-ci contribue à l’élimination du calcaire de votre machine à laver et en prolonge sa durée de vie.

Éliminer les feuilles d’assouplisseur et réduire l’utilisation de la sécheuse

Faites sécher à l’air libre lorsque c’est possible. Dans la sécheuse, maximiser la quantité de linge et remplacer les feuilles d’assouplisseur à usage unique par des boules de séchage en  laine, qu’on trouve dans les boutiques zéro déchet. Celles-ci réduisent le temps de séchage, éliminent la statique et elles durent plusieurs années. Vider le filtre à charpie à chaque utilisation, et non la charpie n’est pas compostable, à moins de ne laver que des tissus entièrement naturels, avec des produits entièrement naturels. 

Détacher avec des produits moins toxiques

Pour enlever la plupart des taches, préparez un mélange à parts égales de vinaigre blanc, d’eau chaude et de bicarbonate de soude que vous appliquez directement sur la tache. Vous pouvez par ailleurs nettoyer presque tout dans la maison avec ces trois ingrédients! Le percarbonate de soude (ou de sodium), puissant détachant contre les taches difficiles (sang, thé, café, chocolat, vin, fruits, transpiration, herbe, fruits, etc.) redonne de l’éclat au linge blanc grisonnant ou jaunissant. La Savonnerie des Diligences a aussi créé le « Madame Blancheville »,  un bloc de savon détachant à base d’huile de coco bio et votre marchand zéro déchet en a probablement d’autres fabriqués localement. Secret bien gardé : ajouter du jus de citron à votre brassée et faites-la sécher au soleil pour un blanchiment naturel.

Chouchouter ses électroménagers

On doit également considérer l’impact du cycle de vie de nos électroménagers en évitant leur remplacement prématuré. Faites-les réparer et ne vous débarrassez pas de votre sécheuse parce que la laveuse a rendu l’âme, même si les commerçants vous font des offres alléchantes pour vous vendre le kit assorti. Celle-ci peut encore vous servir de nombreuses années, appréciez la diversité! Lors de l’achat, privilégiez les électroménagers à haute efficacité affichant le logo Energy Star ainsi que les laveuses frontales qui utilisent moins d’eau et nécessitent moins de détergent. Comment s’en débarrasser? Lorsqu’elles fonctionnent encore, l’idéal est de les vendre ou de les donner. Sachez que lors de la livraison, les commerçants doivent reprendre vos vieux électros, ou informez-vous des collectes spéciales auprès de votre municipalité.

On parle beaucoup de ces deux produits : est-ce que les noix de savon ou les boules lavantes sont efficaces et de bonnes options écologiques?

Les noix de savon (ou noix de lavage) libèrent de la saponine, un détergent naturel qui nettoie et adoucit les vêtements au contact de l’eau chaude. Considérant la performance de nos laveuses d’aujourd’hui, le magazine Protégez-vous a mis en doute la valeur ajoutée d’utiliser ce produit et le recommande surtout pour des lavages à la main. En matière d’empreinte écologique, considérons également le nombre de kilomètres que ces noix parcourent pour se rendre jusqu’ici puisqu’elles proviennent d’un arbre qui pousse en Inde et au Népal, et qu’il faut les remplacer après quelques lavages.

Les boules lavantes (ou boules de lavage) sont des boules en plastiques contenant des billes de céramique qui, semble-t-il, agissent sur le pH de l’eau, créent une eau alcaline qui éliminerait la saleté de façon naturelle, sans ajout de détergent. De nombreuses sources ont émis des doutes quant au fondement scientifique de ce phénomène nettoyant. Cela reviendrait simplement à laver nos vêtements à l’eau. Questionnons aussi la contribution à l’industrie du plastique et le risque de relâchement de microplastiques dans l’environnement à chaque lavage.

Trouvez l’option qui vous convient et surtout, prenez le temps de bien vous informer sur les produits avant d’acheter.

Limiter la libération de microparticules de plastique dans l’eau de lavage

Chaque année, c’est 1.5 millions de tonnes de microparticules de plastique qui sont libérées dans la nature et 35 % de cette quantité provient de l’eau de lavage des vêtements en fibres synthétiques, dont le polyester1. Ces particules sont ingérées par les micro-organismes qui sont à la base de la chaîne alimentaire marine, leur causant des dommages irréversibles, menaçant la sécurité alimentaire et la santé humaine.

Il n’y a pas de solution miracle pour les éviter et l’une d’entre elles est d’acheter des vêtements en fibres naturelles, exempts de pétrole et de plastique, comme le lin, le chanvre ou le coton biologique. Il existe des filtres qu’on peut installer sur notre laveuse, transférables d’une laveuse à l’autre. Avouons que cela serait tellement plus simple si les manufacturiers intégraient ces filtres directement sur toutes les laveuses vendues. En attendant la réglementation, nous vous suggérons de faire pression sur les manufacturiers en leur écrivant votre opinion sur le sujet, et sur les gouvernements pour une législation en ce sens.

La propreté n’a pas d’odeur 

L’industrie nous a habitué.es à des odeurs qui indiquent à notre cerveau que c’est propre, odeurs que vous ne retrouverez plus lorsque vous commencerez à utiliser des produits écologiques. C’est le cas pour la lessive, ça l’est aussi pour les autres produits nettoyants. Derrière l’odeur « du propre » se cachent des produits qui sont loin d’être propres pour la planète! 

Pour conclure, ces quelques petites habitudes peuvent faire une grosse différence puisqu’on est plusieurs à les adopter, et qu’on fait son lavage des centaines de fois dans une vie. Comme tout changement, le plus difficile est de prendre la décision d’essayer, puis on ne revient plus jamais en arrière! N’oubliez pas, réduire vos achats de vêtements neufs, c’est aussi un geste qui compte beaucoup!

Par Nathalie Ainsley pour l’association québécoise zéro déchet

Source : Marine plastics | IUCN

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